Atelier 5 : Les enjeux psychologiques de l’entrée en institution

Cet atelier propose aux participants de s’interroger sur les changements psychologiques qui interviennent lors de la transition du domicile à l’EHPAD.

Les objectifs de cet atelier :

  • Comprendre les changements psychologiques qui surviennent à l’entrée du proche en institution
  • Trouver sa nouvelle place en tant qu’aidant en complémentarité des professionnels de santé de l’EHPAD

Du domicile à l’EHPAD : une prise de conscience des changements nécessaires

La plupart du temps, l’aidant peut avoir le sentiment de ne plus avoir d’autre choix que d’orienter son proche en institution. Souvent, ce choix n’est d’ailleurs pas ressenti comme tel, mais s’impose comme seule solution.

L’entrée en institution se fait souvent très vite, voire en urgence, ce qui laisse peu de place à la réflexion et à l’anticipation. Elle apporte de nombreux questionnements : Comment faire une demande d’entrée ?, Quelles sont les démarches ?, Y a-t-il un délai ?, Est-ce la bonne solution ?, Y a-t-il des EHPAD mieux que d’autres ?…

Elle confronte souvent l’aidant à une prise de conscience de la maladie et du vieillissement de son proche. A domicile, l’installation progressive des difficultés ne permet pas toujours d’anticiper, de se rendre compte que la maladie évolue ou que des problématiques liées au vieillissement apparaissent.

Il peut être également difficile de se rendre compte de ses propres limites en tant qu’aidant. De nombreuses questions peuvent alors émerger : Quelles sont mes limites ?, Qu’est ce que je peux encore faire ?, Suis-je vraiment arrivé au bout ?…

Différents sentiments ambivalents peuvent survenir : d’une part une envie de continuer à être auprès de son proche, faire tout ce que l’on peut, et d’autre part une impression d’épuisement physique et moral qui peut amener à se poser différentes questions sur soi-même et sur ses propres capacités.

Le sentiment de culpabilité est souvent retrouvé chez les aidants. Il peut être en effet éprouvant d’amener son proche dans un nouvel environnement impersonnel, où il n’a pas de repères.

Chaque aidant réagit de façon différente et avec un temps de cheminement plus ou moins long face à ses sentiments mélangés, y compris pour différents membres d’une même famille. Cette réflexion avec soi-même nécessite souvent de l’aide : un besoin d’échanger entre membre d’une même famille et/ou avec le personnel de l’institution (la plupart du temps le psychologue ou le médecin) pour se libérer soi-même de ces tensions intérieures.

La difficulté de la prise de décision d’entrer en EHPAD est également accompagnée de questionnements et réflexions sur des sujets moins facilement abordables comme la fin de la vie de son parent (l’idée que l’EHPAD sera la « dernière demeure ») ou l’idée de la rupture avec son parent qui se fait lors de l’entrée.

Passage de relais avec les professionnels de l’EHPAD : un temps de transition

Laisser les professionnels de l’institution prendre le relais n’est jamais évident : leur savoir-faire et leur savoir-être sont différents de celui de l’aidant. Faire confiance à un inconnu pour s’occuper de son proche ne peut pas être automatique.

Dans un idéal l’aidant attend que l’aide apportée à son proche soit dans la continuité de celle apportée à domicile. Néanmoins, le rôle des soignants n’a pas les mêmes enjeux que celui de l’aidant. Son travail comporte beaucoup de différences avec celui de l’aidant, notamment au niveau relationnel et affectif. Une comparaison des deux rôles n’est pas possible. L’entrée en institution nécessite pour les aidants d’accepter une autre manière de faire, de redéfinir leurs propres limites et de faire confiance.

Cette confiance ne va pas toujours de soi. Le sentiment d’abandonner son proche, de voir sa dépendance augmenter, n’autorise pas non plus cette confiance et amène l’aidant à se questionner sur sa présence indispensable ou non auprès de son proche.

La question se pose par la suite d’autoriser son parent à faire lui-même confiance à l’institution, à accepter un « abandon positif » pour qu’il puisse investir l’EHPAD comme nouveau lieu de vie. Cette acceptation est un travail en duo avec son parent pour arriver à un lâcher prise et à envisager la relation avec son proche différemment de celle vécue à domicile.

La notion de deuil est très présente suite à l’entrée en institution. L’aidant est amené sur une période qui peut être très longue à faire le deuil de différentes choses : de sa place en tant qu’aidant, du regard qu’il porte sur son proche, des capacités perdue de son proche …

Ces deuils sont importants pour retrouver sa place, redéfinir ses rôles et son utilité par rapport à son proche et à l’institution. Ils permettent de définir une nouvelle place prenant en compte le vécu et de l’expérience de l’aidant.

Rechercher une nouvelle place : que devient le rôle de l’aidant ?

Cette nouvelle place ne va pas de soi, elle se construit avec un rythme différent pour chacun et nécessite une redéfinition de soi-même par rapport à son proche et à l’institution.

Le but est d’apporter un bien-être à son proche et à soi-même. Il est important de pouvoir prendre du plaisir à venir à l’EHPAD, de venir avec ses envies (apporter des photos, un livre, des chocolats…), de redécouvrir une relation sereine.

Cette relation sera peut-être différente : elle pourra à un moment devenir non verbale. L’aidant pourra à ce moment là apporter une présence, un toucher, des regards… être présent, dans l’instant.

Intervenants: Atelier co-animé par deux psychologues.