Atelier 3 : Alimentation: diversité et risques

L’alimentation en EHPAD est un sujet complexe qui comprend différents enjeux liés à la dénutrition des sujets âgées et aux différents troubles psycho-comportementaux et/ou organiques en lien avec l’alimentation des personnes âgées dépendantes.

Les objectifs de cet atelier:

  • Comprendre les enjeux de l’alimentation en EHPAD
  • Comprendre les causes et les conséquences de la dénutrition
  • Apprendre les risques liés aux troubles de la déglutition
  • Comprendre les troubles du comportement alimentaire en EHPAD

Quels changements dans l’alimentation d’une personne âgée ?

La personne âgée restreint souvent son alimentation pour diverses raisons.

Les réserves nutritionnelles s’amoindrissent par la baisse de l’apport nutritionnel, par la fonte musculaire (appelée sarcopénie) et par l’hypermétabolisme impliqué dans la polypathologie.

Néanmoins, les besoins énergétiques ne sont pas diminués chez le sujet âgé en bonne santé et sont, au contraire, augmentés en situation d’hypercatabolisme (par exemple : lors d’une infection, le corps a besoin de plus d’apport énergétique).

Qu’est ce que la dénutrition ?

La dénutrition est à différencier de la malnutrition.

Malnutrition : état pathologique en lien avec une alimentation :
– Soit par excès (surcharge pondérale, obésité) : peu observé chez le sujet âgé
– Soit par défaut (carence d’apport) d’un ou plusieurs nutriments

Dénutrition : elle est caractérisée par la perte de poids consécutive à une atrophie globale des tissus, provoquée par la réduction d’apport calorique et protéique.

Quelles sont les causes de la dénutrition ?

Les situations sans lien avec l’âge : de nombreuses pathologies peuvent être en lien avec une dénutrition : le cancer, des pathologies infectieuses et/ou inflammatoires chroniques, des défaillances d’organe chroniques et sévère, pathologies à l’origine de maldigestion et/ou malabsorption, l’alcoolisme chronique…

Les causes psycho-socio-environnementale : certaines situations psychologiques, sociales et environnementales peuvent être des facteurs favorisant la dénutrition.
Quelques exemple : le deuil, la dépression, l’isolement social, les difficultés financières, une hospitalisation, l’entrée en institution, la maltraitance…

Les affections aiguë ou décompensation d’une pathologie chronique : la douleur, une pathologie infectieuse, une intervention chirurgicale, une escarre, une constipation sévère, une fracture entraînant une impotence fonctionnelle sont autant de facteurs possibles qui peuvent participer à la dénutrition.

Les traitements médicamenteux au long court : la polymédication ainsi que certains traitements sur le long terme comme les corticoïdes, ou des médicaments entraînant une sécheresse de la bouche, des troubles digestifs ou autre, font partie des facteurs de dénutrition.

Les troubles bucco-dentaire : troubles de la mastication, mauvais état dentaire, sécheresse buccale, appareillage mal adapté, candidose oropharyngée, dysgueusie…

Les régimes restrictifs : sans sel, amaigrissant, diabétique, hypocholestérolémiant…

Les syndromes démentiel et autres troubles neurologiques : maladie d’Alzheimer, autres démences, syndrome confusionnel, troubles de la vigilance, syndrome parkinsonien…

Les troubles de la déglutition : pathologie ORL, pathologie neurologique, dégénérative ou vasculaire.

La dépendance pour les actes de la vie quotidienne : notamment pour l’alimentation et la mobilité.

Les troubles psychiatriques : syndromes dépressifs, troubles psycho-comportementaux.

La dénutrition a donc de multiples causes et conséquences entraînant plusieurs soucis de santé. Nous pouvons représenter ses problèmes sous forme d’une spirale : au début les difficultés peuvent être réversibles. Néanmoins cette spirale peut évoluer très vite, il est donc nécessaire de prévenir ses difficultés et de les accompagner.

Schéma de la spirale.

Fréquence de la dénutrition :
– 4 à 10 % à domicile
– 15 à 38 % en EHPAD
– 30 à 70 % à l’hôpital

Notons que la dénutrition est plus présente en EHPAD qu’à domicile. Cela s’explique par le fait que les personnes entrantes ont souvent une polypathologie à un état plus ou moins avancé. A l’hôpital l’état de dénutrition est variable mais s’explique souvent par le fait que les personnes sont en phase aiguë d’une pathologie.

Quelles solutions pour pallier la dénutrition en EHPAD ?

En institution la voie orale est privilégiée pour pallier à la dénutrition : le médecin va donner des conseils nutritionnels, l’équipe soignante va aider la personne à la prise alimentaire en favorisant une alimentation plaisir notamment en condition de soins palliatifs, en fin de vie. Des compléments nutritionnels oraux (CNO) peuvent être prescrits pour une alimentation enrichie.

Les solutions d’alimentation par sonde naso-gastrique ou par voie parenterale (ex : intraveineuse) ne sont, en général, plus pratiquée de nos jours en EHPAD. Elles sont jugées trop invasives, inconfortables, voire dangereuse compte tenu de l’âge et/ou de l’état général de la personne. Néanmoins, après un épisode aigu la personne peut être réhydratée par voie sous-cutanée (sous la peau) si nécessaire.

Intervenants : Atelier co-animé par un psychologue, un orthophoniste et un médecin gériatre.